La servitude de non aedificandi constitue une restriction juridique majeure qui interdit toute construction sur un terrain donné. Cette contrainte, inscrite dans le droit civil français, peut transformer radicalement vos projets immobiliers et influencer significativement la valeur de votre propriété. Comprendre ses mécanismes vous permet d’anticiper les impacts sur vos investissements et d’éviter les mauvaises surprises lors d’une transaction.
Origine et principes essentiels de la servitude de non aedificandi

Cette servitude trouve ses racines dans la nécessité de protéger certains espaces et de maintenir l’équilibre entre propriétés voisines. Son application repose sur des fondements juridiques précis qui définissent les droits et devoirs de chaque partie.
Sur quel fondement légal repose cette interdiction de bâtir
La servitude de non aedificandi s’appuie sur les articles 637 à 710 du Code civil relatifs aux servitudes. Elle peut être établie par convention entre propriétaires, par testament ou par prescription trentenaire. Cette restriction vise principalement à préserver la vue, l’ensoleillement ou la sécurité d’une propriété voisine.
Le terrain concerné devient un fonds servant au profit d’un fonds dominant. Par exemple, un propriétaire peut accepter de ne jamais construire sur une partie de son terrain pour garantir la vue panoramique de son voisin. Cette servitude s’attache au terrain lui-même, pas à la personne du propriétaire.
Qui peut imposer ou bénéficier de cette servitude immobilière
Plusieurs acteurs peuvent être à l’origine de cette servitude :
- Le propriétaire voisin qui négocie cette protection lors d’une vente
- Les collectivités locales dans le cadre de l’aménagement urbain
- L’État pour protéger des sites classés ou des infrastructures
- Les promoteurs immobiliers lors de lotissements
Dans la pratique, un lotisseur peut imposer des servitudes de non aedificandi sur certaines parcelles pour maintenir des espaces verts communs ou préserver l’harmonie architecturale d’un ensemble résidentiel.
Conséquences pratiques pour les propriétaires et acheteurs

L’existence d’une servitude de non aedificandi transforme l’usage possible d’un terrain et génère des répercussions directes sur sa valeur marchande et son potentiel d’exploitation.
Comment la servitude influence la valeur et l’exploitation d’un terrain
Un terrain grevé d’une servitude de non aedificandi subit généralement une décote de 20 à 50% selon l’étendue de la restriction. Cette baisse s’explique par la limitation des possibilités de construction et donc de rentabilisation.
| Type de terrain | Impact sur la valeur | Utilisation possible |
|---|---|---|
| Terrain constructible libre | Valeur de référence | Construction sans restriction |
| Servitude partielle | Décote de 20-30% | Construction limitée à certaines zones |
| Servitude totale | Décote de 40-50% | Jardin, stationnement, agriculture |
Cependant, le terrain conserve d’autres usages : jardin d’agrément, parking, potager ou activités de loisirs. Certains propriétaires y trouvent même un avantage en préservant leur cadre de vie.
Quelles précautions adopter lors d’une vente ou d’un achat
La vérification des servitudes constitue une étape incontournable de toute transaction immobilière. Plusieurs documents permettent de les identifier :
- L’état hypothécaire qui recense toutes les charges grevant le bien
- Le règlement de lotissement s’il existe
- Les actes de propriété antérieurs
- Le plan local d’urbanisme de la commune
En cas de doute, faites appel à un géomètre-expert pour délimiter précisément les zones concernées. Cette précaution évite les litiges ultérieurs et sécurise votre investissement.
Modalités de création, levée et contestation de la servitude
Bien que généralement pérenne, une servitude de non aedificandi peut évoluer selon les circonstances et les besoins des parties concernées.
Est-il possible d’obtenir la suppression de la servitude de non aedificandi
La mainlevée d’une servitude reste possible dans plusieurs situations :
- Accord amiable entre le propriétaire du fonds servant et celui du fonds dominant
- Extinction par non-usage pendant 30 ans consécutifs
- Impossibilité d’exercice due à des modifications du terrain
- Fusion des propriétés quand une même personne devient propriétaire des deux fonds
La négociation amiable représente la voie la plus fréquente. Elle peut donner lieu à une compensation financière ou à l’établissement d’une servitude réciproque. Par exemple, un propriétaire peut accepter de lever sa servitude contre le paiement d’une indemnité correspondant à la plus-value générée.
Différends et résolution en cas de contestation ou abus
Les conflits liés aux servitudes de non aedificandi peuvent porter sur leur existence, leur étendue ou leur application. Le tribunal judiciaire compétent statue sur ces litiges en s’appuyant sur les titres de propriété et l’expertise technique.
Avant d’engager une procédure contentieuse, la médiation ou la conciliation offrent des solutions plus rapides et moins coûteuses. Un médiateur spécialisé en droit immobilier peut aider les parties à trouver un compromis équitable.
Cas concrets et rôle des acteurs de l’immobilier
L’application concrète des servitudes de non aedificandi implique différents professionnels qui sécurisent les transactions et conseillent les propriétaires.
Comment un notaire garantit la sécurité de la transaction immobilière
Le notaire joue un rôle central dans la détection et l’information relative aux servitudes. Il consulte systématiquement le fichier immobilier et analyse les actes antérieurs pour identifier toute restriction.
Son devoir de conseil l’oblige à expliquer clairement les conséquences de la servitude à l’acquéreur. Il peut recommander des clauses suspensives dans le compromis de vente pour permettre à l’acheteur de se rétracter si la servitude compromet son projet.
Anecdote réelle : un projet de maison contrarié par la servitude
En Bretagne, une famille avait acquis un terrain de 1500 m² avec vue sur mer pour y construire leur résidence principale. Après obtention du permis de construire, ils découvrent qu’une servitude de non aedificandi de 1973 interdit toute construction sur la moitié avant du terrain.
Cette servitude, établie au profit de la commune pour préserver le panorama côtier, n’apparaissait pas clairement dans l’acte de vente. Le projet de construction a dû être revu, générant des surcoûts et des délais supplémentaires. Cette situation illustre l’importance d’une vérification approfondie avant tout achat.
La servitude de non aedificandi constitue un outil juridique puissant qui façonne l’aménagement du territoire et les relations de voisinage. Sa maîtrise nécessite une approche préventive et l’accompagnement de professionnels compétents. Que vous soyez vendeur ou acquéreur, cette connaissance vous permettra de mieux appréhender vos projets immobiliers et d’éviter les écueils coûteux.
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